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Hell on heels

2006 / 2008

Fragment de mon diplôme des Beaux-Arts

 

La femme, objet de désir et de séduction.

La féminité : plaisir/contrainte ;

 plaisir/torture ; aliénation de soi.

 

 

C’était en partant d’une vision toute personnelle, non dénuée d’ironie, de cette dualité qu’est la féminité, que se sont basés mes recherches et essais.

 

Moi-même, fervente utilisatrice de robes, bas nylon, lingerie astreignante, corsets, talons hauts, mascara et de rouge en bâtons, souvent fatiguée de le faire, mais ne pouvant m’en empêcher, j’ai eu envie de me regarder en face dans un miroir et d’y voir mes contradictions, qui provoquaient dans ma vie quotidienne des obligations qui devenaient des contrariétés. Une vraie addiction à laquelle je ne savais pas dire non.

En passant ce diplôme, j’ai essayé de partager, plastiquement, cette relation de plaisir et contrainte, d’obligation, voire parfois de souffrance, que beaucoup de femmes telles que moi, issues de sociétés occidentales, s’infligent encore, mi par amusement mi par sujétion. Souvent sans vraiment se poser la question.

 

Puisqu’au regard de certains hommes la femme reste un objet de désir, l’expression de la féminité permet à celle-ci de jouer sur ce désir masculin, en devenant effectivement objet du dit désir et objet de séduction. Cette « féminité-séduction » s’exprime, par la femme qui en use, à grand renfort d’éléments de parure, qui sont autant de composants clés, codifiés, perçus par les hommes comme des éléments vestimentaires, qui lui dirait directement : « Je veux vous plaire, je veux vous séduire ». Tels sont perçus les talons hauts, la lingerie contraignante, le maquillage, certains types de vêtements.

Certes, cela peut sembler bizarre, voire même dangereux, d’accorder un pouvoir et une signification à des habits. Et cela au risque de limiter la liberté vestimentaire de la femme, et de l’empêcher de s’habiller comme elle le souhaite, puisque tels ou tels éléments de son costume seraient vus comme des appels d’ordre sexuel envers les hommes.

 

​ Je suis passée à travers le miroir et je me suis questionnée.

 

Léopold Von Sacher-Masoch disait : « L’homme est celui qui désire, la femme celle qui est désirée. Une situation à l’avantage de la femme, complètement et de façon décisive. » Cette citation me plaisait. J’aurais pu m’y arrêter et m’en contenter. Décider que j’étais une conquérante même si je me pliais à ce que la société attendait.

Sa théorie me semblait séduisante, avec cette idée qui prônait que la femme tirait les ficelles, pour son propre avantage, grâce à sa beauté. Point de vue mettant la féminité en avant, comme un atout pour tous les dominer. Plus jeune, j’aurais su m’en contenter, mais j’avais envie d’être un humain avant d’être un potentiel vagin.

Alors, pourquoi continuer me contraindre autant ?

Les facettes de mon miroir ont éclaté.

 

Mon diplôme est né de cette volonté. De cette idée de montrer et de dénoncer cette dualité, non sans ironie puisque me situant moi-même dans cette représentation de l’esthétique de la féminité, que j’ai commencé à créer et à détourner des objets féminins contraignants, en en faisant des objets autonomes, qui par leur simple présence devaient exprimer l’idée de contrainte et d’inconfort.

 

Mais au fur et à mesure de l’évolution de mon projet, et après réflexions, je me suis aperçue que mes objets étaient des sculptures autonomes, mais aussi qu’ils étaient utilisables, et devenaient, pour la plupart, des accessoires catalyseurs, déclenchant et provoquant à l’usage une réaction corporelle.

Une fois mes sculptures-objets-détournés terminés, c’est à cette idée de « réaction/expérimentation corporelle » que je me suis intéressé. Je suis donc passée donc par de petites performances, pour présenter l’action/réaction de ces objets sur le corps.

 

Il n’y a ici qu’un fragment de ce qui a constitué mon diplôme. Il ne m’en reste quelques maigres vidéos et photos.

 

Nous plions-nous au désir masculin, en nous revêtant de choses contraignantes, ou sommes-nous des féministes nous assumant en tant que femmes aimant jouer avec les codes de la féminité, parce que cela nous plaît ? Le faisons-nous par sentiment d’obligation et de pression, ou pour notre propre plaisir ? Nous jouons nous des hommes, ou nous abusons nous nous-mêmes ? Puis-je être un être humain avant d’être un genre sexué ? Si je ne veux plus y participer, va-t-on me considérer comme une moins que rien négligée ?

 

La femme-objet de désir et de séduction reste un stéréotype à libérer. Ou nous serons toujours les grandes perdantes face aux attentes et exigences de notre société.

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